Petite fille aux cheveux en bataille, mal fagotée dans des habits trop grands pour elle court se réfugier dans le placard de sa chambre qu’elle partage avec son jumeau. Maya n’a que 8 ans mais elle est déjà habituée aux crises de sa mère. Monica est de ces femmes qu’on aurait dû stériliser pour l’empêcher de pondre gosses sur gosses alors qu’elle est incapable d’en assumer la responsabilité. Mais ça Maya ne s’en rend pas compte, tout ce qu’elle sait c’est que dès qu’elle s’énerve Mickey lui a appris à aller se cacher et attendre que l’orage se calme. Les cries, les hurlements se mêlent au bruit des assiettes qui se brisent au sol. Monica se dispute avec un homme dont Maya n’a même pas pris la peine de retenir le nom, de toute manière ils finissent tous par disparaître et bien souvent plus tôt que tard.
« Vient on compte à l’envers depuis 100. » La voix fluette de Maya est à peine audible dans ce petit placard dans lequel elle a rejoint Marvin. Elle, c’est la petite dernière des trois frangins, elle est même née treize minutes après son jumeau non sans difficulté. Et pourtant elle est celle qui est toujours là pour Marvin. Elle a beau être encore naïve et fragile, elle n’en demeure pas plus forte que lui, et bientôt elle deviendra une véritable battante suivant fièrement les traces de son grand frère. De toute manière elle n’aura pas trop le choix, c’est ça ou finir dans les bas fonds de Boston une seringue plantée dans le bras et les pupilles prêtes à exploser. Maya n’a pas l’impression d’être plus mal lotie que les autres, à ses yeux encore innocents que sa mère soit bipolaire et irresponsable n’est qu’un problème comme un autre. Et puis il y a Mickey, Mason et Marvin, elle n’est pas seule, à eux quatre ils s’en sortent comme ils peuvent, font ce qu’ils peuvent avec la vie qui leur a été offerte. Ils se serrent les coudes et s’aiment plus que tout et c’est déjà bien plus que ce que certains gosses ne connaîtront jamais. Certains d’entre eux s’en sortiront mieux que d’autres, mais les gamins ne savent encore rien de ce que la vie leur réserve. Pour le moment ils se contentent d’essayer d’oublier que le type que Monica a ramené cette fois semble être un violent. Après tout, la porte finira bien par claquer derrière lui et on ne le reverra jamais plus dans le coin. C’est ce qui finit toujours par arriver et parfois même c’est leur propre mère qui finit par disparaître...
Elle le regarde sans rien dire, se contenant simplement de le fixer. Le silence dure de longues secondes durant lesquelles son jumeau garde les yeux baissés, ne pouvant affronter le regard de sa sœur.
« Merde Marvin c’est quoi encore ce bordel ?! » Finit-elle par dire, enfin. Elle se serait bien précipitée sur lui pour lui demander s’il va bien à la seconde où elle était descendue de la voiture, mais elle ne connaît que trop bien cette situation. Elle commence à être lassée de devoir répéter toujours les mêmes scènes, sentir son estomac se tordre dès qu’elle voit son nom s’afficher sur son téléphone craignant que cette fois il se soit foutu dans quelque chose de trop gros pour s’en sortir. Le jeune homme relève enfin la tête, et Maya peut faire le décompte de ses blessures. Cette fois il s’en sort avec un œil au beurre noir, la lèvre ouverte et sûrement le nez cassé. Elle soupire en remontant dans sa voiture, suivie de près par Marvin qui demeure toujours silencieux, sûrement trop honteux pour oser ouvrir la bouche.
« Et Mason il est où ? » Demande-t-elle comme un reproche. Elle démarre la voiture restant impassible, puis elle fouille distraitement dans la boîte à gants pour ensuite lui tendre un mouchoir.
« Il est pas venu ce soir. » Il s’essuie la lèvre, renifle et Maya comprend tout de suite qu’encore une fois Mason a lâché au dernier moment leur frère pour le laisser se faire tabasser, seul. Elle a beau essayé, elle ne comprend pas, elle ne voit pas où les choses ont merdé pour Marvin. Mason avait toujours été comme ça, tout le monde le savait, tout le monde l’avait toujours su. Mais Marvin c’était un type bien, il aurait dû suivre les traces de Mickey et Maya. Mais quelque part le long de leur route Marvin a raté un virage et s’est perdu. Il ne sait plus où il en est, c’est un gosse paumé de 24 ans qui n’a ni emploi, ni chez lui. Maya sur qui il avait toujours compté est devenue indépendante, a une vie bien à elle qui ne dépend désormais plus de lui. Alors Marvin se raccroche à Mason et lentement se détache de sa sœur. Maya ne supporte pas l’idée de voir Marvin s’éloigner d’elle comme ça, mais elle n’arrive plus à le retenir, alors elle se contente de s’occuper de lui comme s’il était un chiot perdu. Maya sait qu’un jour où l’autre tout ça finira mal, elle espère juste égoïstement que ce soit Mason qui en paie le prix et pas Marvin.
Elle raccroche et sans réfléchir une seule seconde prend ses clés et démarre la voiture. C’était Marvin, il était paniqué, ne savait plus quoi faire, il a dit que Mickey ne répondait pas. Maya roule plus vite qu’elle ne le devrait, si elle croise un flic elle est bonne pour une amende elle le sait mais ne s’en préoccupe pas; elle est bien trop inquiète pour Marvin. Elle ne l’a jamais entendu comme ça, elle sait que quelque chose ne va pas, elle le sent au fond d’elle. Elle a peur de découvrir dans quelle galère il s’est encore fourré. Lorsqu’elle arrive à l’adresse que Marvin lui a indiqué il n’y a personne, seulement une maison délabrée sûrement abandonnée depuis des années. Elle a un mauvais pressentiment, mais Marvin est plus important que ce que son instinct lui hurle. Elle pousse la porte.
« Marvin ? T’es là ? Bordel Marvin ! » Pour seule réponse elle obtient le bruit assourdissant d’une détonation. Le reste elle ne s’en souvient plus vraiment, il lui manque des images, des sons, des fragments de sa mémoire qui refusent encore aujourd’hui de répondre à ses demandes. Elle est désormais au sol, sonnée, ses oreilles sifflant, elle tente de se relever, mais rien n’y fait. Elle tente encore une fois de se lever mais elle est bloquée, un morceau de toit, de plancher ou peu importe la bloque. Sa cage thoracique est compressée, elle peine à respirer. Un peu plus loin Marvin est étendu sur le sol lui aussi, et les flammes lui lèchent déjà les pieds. Elle hurle son nom à s’en faire exploser les poumons, mais il ne réagit pas. Est-ce qu’il est déjà mort ? Non, il respire, elle voit sa poitrine se soulever, lentement, mais il respire encore. Elle continue de l’appeler mais comme il ne répond toujours pas elle cherche quelque chose à lui lancer dessus pour le réveiller. Ses mains fouillent le sol autour d’elle, dans la précipitation elle trouve un morceau de parquet qui fera l’affaire. Le bout de bois heurte Marvin, mais celui-ci ne réagit toujours pas. En contemplant la suite de la scène totalement impuissante Maya préfère largement que son frère soit inconscient, qu’il ne réalise pas qu’il se transforme peu à peu en torche humaine. Il brûle, la maison brûle et la gorge de Maya la brûle aussi tant elle hurle. Elle a si mal qu’elle a l’impression que son corps entier brûle avec celui de Marvin. Jamais elle ne trouvera les mots pour expliquer ce qu’elle ressentit, il n’en existe pas d’assez fort. Elle a l’impression de mourir, et à force de respirer la fumée c’est ce qui arrive. Ou c’est ce qu’elle aurait préféré, car elle ne meure pas, non, elle ne fait que s’évanouir pour ne se réveiller que des heures plus tard à l’hôpital. Elle s’en est sortie, pas Marvin.
Maya caresse en silence son poignet, suivant les lignes du tatouage encore récent qui s’y trouve à jamais gravé. Elle en connaît le tracé par cœur, pourrait le reproduire à l’identique les yeux fermés. Elle n’écoute pas la psy, elle n’a pas envie d’être là, n’a pas envie de lui parler. Elle a juste envie de se coucher et de rester là éternellement sans bouger.
« Maya ? Maya, est-ce que tu as envie de me parler de ton travail ? » La jeune femme daigne enfin lever le nez et regarder sa thérapeute. Son travail. C’est pour ça qu’elle est là, c’est parce qu’elle s’est retrouvée tétanisée face aux flammes lors d’une intervention qu’on l’a envoyée ici. Maya respire, elle se concentre sur chaque inspiration et expire jusqu’au dernier cm
3 d’air se trouvant dans ses poumons. Elle a envie de l’insulter, de lui dire d’aller se faire foutre avec ses théories freudiennes à la con, mais elle ne peut pas. C’est elle qui détient la clé de son retour à la caserne, alors Maya serre le poing et continue de respirer.
« Je suis pompier, mais ça vous le savez déjà. Alors qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? » Sa voix est un peu plus agressive que ce qu’elle l’aurait voulu, mais au moins aucune insulte n’a franchi la barrière de ses lèvres. La cinquantenaire en face d’elle se pince les lèvres et remet l’une de ses mèches argentées en place.
« Et bien parle-moi de ton parcours, de ce qui te motivait par exemple. » Maya déteste parler d’elle. Elle se sent jugée, comme si elle n’était qu’une vulgaire grenouille en cours de biologie, comme celle qu’elle avait disséquée au lycée. Elle lutte de toutes ses forces pour ne pas tout envoyer chier et sortir de la pièce en envoyant valser tous les meubles se trouvant sur son chemin. Elle n’a jamais été une petite fille bien sage, elle n’a jamais aimé obéir sauf peut être à Mickey, parce que lui sait ce qui est bon pour elle. Il n’y a que Mickey qui compte aux yeux de Maya, tout le reste a disparu dans les flammes, et tant qu’elle ne retournera pas travailler il n’y aura plus rien d’autre.
« Je suis devenue pompier parce que je voulais rendre fier mon frère. J’ai un parcours classique, sauf que j’ai une putain de phobie du feu maintenant ! » Maya peine de plus en plus à se contenir, elle sait que si ça continue elle va finir par lui cracher à la gueule pour en être débarrassée. Mais la psychologue lui annonce que la fin de sa séance est arrivée. Elle la félicite pour tous les progrès qu’elle a faits, Maya, elle, a juste envie de lui rire au nez, mais elle se contente d’acquiescer. Oui, des progrès elle en a fait; elle joue mieux la comédie à présent et arrive à faire croire aux gens qu’elle va bien. Mais elle a toujours l’impression d’être à mille lieux de retrouver son travail.
A force de la voir squatter son lit toutes les nuits, Mickey a fini par comprendre que tant que Maya resterait à Boston jamais elle ne s’en sortirait. Il connaît trop bien sa sœur, il sait au fond de lui qu’il lui faut de l’air, qu’elle voie d’autres têtes qui ne lui rappelleront pas sans cesse à quel point sa situation est dramatique. Perdre un jumeau ça vous change le monde qui vous entoure, tous les regards se remplissent soudainement de pitié, et toutes vos rencontres commencent inlassablement avec la même regaine;
« Je suis désolé » comme si c’était leurs putains de fautes ! Alors c’est comme ça que Maya a fini par laisser trainer ses affaires dans le couloir des Graham en plein New York. Faut dire que chez les O’Reilly on se focalise pas trop sur les bonnes manières, alors le fait que Maya était pas frocément la potesse de Desmond au départ ça a pas été un problème pour autant. C’est Mickey son pote à la base et du coup c’est un peu comme un piston pour la brunette. Elle aime bien sa vie à NYC, personne ne la connaît, personne n’est là pour lui rappeler sans cesse qu’elle est en deuil. On lui fout la paix et ça lui plaît. Et puis bon faut dire aussi qu’elle a vite trouvé sa place dans cette famille tout aussi fucked up que la sienne. Silver c’est devenue un peu sa gosse d’adoption, quelque chose entre ça et une histoire de grandes sœurs. Et puis avec Des aussi elle a trouvé sa place... dans son lit. Pas tout de suite, pas à la seconde où elle l’a vu, mais au fil du temps, à force de partager des bières devant la télé le soir, à force de discuter, à force de vivre côte à côte. Silv sait que son père couche avec Maya régulièrement, mais elle dit rien, apparemment ça la dérange pas. Faut dire que Maya semble pas prête à se casser comme Darla a toujours fini par le faire. La vie lui semble un peu plus douce, tant et si bien que Maya finit par oublier que tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait. Elle s’est laissée aller à profiter des moments présents sans se soucier du reste, sans se douter que tout allait foirer.
« Darla est revenue. » La phrase est concise pas forcément dite de gaité de cœur, mais les faits sont là. Des lui annonce tout simplement que sa femme est de retour dans sa vie. Et Maya n’est pas une conne, elle comprend tout de suite ce que ça veut dire. Si Darla revient, elle doit se casser. Elle a juste l’impression d’avoir été un bouche trou durant six mois alors qu’elle elle s’était habituée à cette vie de "famille" pas très conventionnelle. Elle comprend pas trop que Des au fond il fait ça pour elle aussi, elle est jeune, bien plus jeune que lui et elle pourrait trouver un autre type qui a pas une fille de vingt piges avec qui fonder sa propre famille. Pour le moment Maya voit que la chose de son point de vue.
« J’ai compris. » Elle va pas lui taper une scène même si au fond elle aurait bien envie de le traiter de connard juste pour la forme. Mais il a la possibilité de reformer sa famille, de redonner à Silver sa maman, alors Maya comprend, ou du moins elle tente de s’en convaincre. Elle va faire sa garce avec Silv, elle le sait et elle s’en veut, mais la brunette ne peut pas rester là plus longtemps. Elle sait que face à Silver, au moment de lui dire au revoir elle va chialer comme une pauvre merde, et elle a pas envie de ça. Elle a comme la mauvaise impression d’avoir été trahie, humiliée, ou un truc dans ce goût là, alors elle reprend ses affaires et se casse. Aussi vite qu’elle a débarqué dans leurs vies, elle en disparaît en ne laissant qu’un mot sur le lit de Silver et un baiser sur les lèvres de Desmond.
« Bye Des. »Accoudée au bar et souriante comme jamais, Maya commande une autre tournée. Il faut dire que ce soir elle a quelque chose à fêter ! Elle sent encore sur sa peau la chaleur stressante des flammes, mais tellement enivrante qu’elle s’en serait presque délecter de la retrouver. Oui, il y a quelques heures auparavant Maya se retrouvait au milieu d’un incendie, lance à la main, combattant à nouveau ce démon qui l’avait tant hanté depuis que Marvin n’est plus là. Oh la peur n’est pas partie, non, Maya a juste appris à la dompter de sorte qu’elle ne la tétanise plus. Mais au fond elle sent toujours ses genoux à la limite de céder sous son poids, et à peine ferme-t-elle les yeux qu’elle voit encore et toujours cette même image de Marvin allongé et dévoré par les flammes. Mais qu’importe si la nuit elle se réveille toujours en sursaut, transpirante et haletante, aujourd’hui elle a réussi à se relever et à avancer. Les O’Reilly sont des tough sons of a bitch et ça personne ne pourra jamais le démentir, Maya en est la preuve aujourd’hui encore.
« Merci garçon ! » Légèrement éméchée, elle se saisit des shots de tequila que le barman lui a servis et les distribue à ses collègues pompiers. Ils boivent tous de bon cœur, riant, faisant plus de bruit que nécessaire. Mais qu’importe Maya est de retour à la caserne et il faut marquer le coup. La brunette enchaîne les verres tout au long de la soirée, ne se souciant guère de savoir dans quel état elle se réveillera demain. De toute manière elle a congé. Et puis elle a enfin retrouvé sa vie, même si il en manque désormais des bouts, et par là elle ne pense pas seulement à Marvin, mais aussi à Mason... Mase... ça fait un an qu’elle l’évite, qu’elle l’ignore, qu’elle ne veut plus en entendre parler. Mais au fond il lui manque, elle aurait voulu se blottir dans ses bras à lui aussi pour s’endormir le soir. Mais elle lui en veut tellement, toute cette colère qu’elle ressent pour lui l’aveugle et l’empêche de voir que lui aussi souffre et que dans cette épreuve ils auraient dû rester ce qu’ils ont toujours été; les O’Reilly un putain de famille que rien ni personne ne peut séparer. Mais l’idée de revoir Mason l’insupporte toujours, elle ne peut pas l’envisager, pas encore, pas de son plein grès. Enfin là tout de suite Maya n’a plus trop la tête à penser à tout ça, en effet sa tête lui tourne, elle rit toujours plus fort, fait de grands gestes pour s’exprimer et finit même pas trébucher et aterrir sur les genoux d’un type assis au bar. Elle rigole de plus belle ne tentant même pas de se relever.
« J’t’offre un verre ? » Il est pas vilain et Maya étant Maya, elle a décidé qu’elle ne rentrerait pas seule. Le charmant jeune homme sourit après l’effet de surprise dissipé et finit même par accepté le verre offert par une Maya plus qu’imbibée. La suite on la connaît tous, Maya la première, elle le réveillera le lendemain pour qu’il dégage de son appartement et ne prendra même pas la peine de lui donner son numéro de téléphone. Au pire il sait où elle habite et où elle va se bourrer la gueule...
Maya joue avec l’anneau qui orne son annulaire depuis quelques semaines déjà. Elle n’y est pourtant pas encore habituée, et n’arrête pas de le faire rouler sur sa peau. Elle réfléchit debout au milieu du couloir et se repète une enième fois la liste des choses qu’elle ne doit surtout pas oublier. Déjà un an s’est écoulé depuis qu’elle a emménagé dans cet apparement à Londres. La chance d’une vie qui s’est présenté à elle un matin, et qu’elle a saisi non sans hésiter. La possibilité de passer une année dans un caserne dans la capitale anglaise lui a semblé trop belle pour ne pas se lancer dans l’aventure. Ca a pas été la décision la plus simple à prendre pour autant, et au début ça a été plus dur que ce qu’elle vous le dira jamais. Quitter Boston, quitter l’Amérique, quitter Mickey, Des, Sil même Mase, ça a pas été un truc facile pour la brunette. Mais ce qui l’attendait ne l’a pas déçu une seule seconde. Elle a pas mis long à s’intégrer dans l’équipe, et encore moins de temps pour s’intégrer dans les pubs. Elle repense à ces mois passés là, et elle a un petit pincement au cœur que tout se termine. La sonnerie de son téléphone se met à résonner dans le couloir vide.
« Oui ? » A l’autre bout du fil une voix d’homme, qui fait sourire Maya, comme peu ont su le faire. Elle ne peut s’empêcher de jeter un œil à sa bague alors qu’il lui parle. « Non t’inquiète, j’ai déjà envoyé les derniers paquets et on sera arrivé bien avant eux. » Elle semble amusée par les paroles de son interlocuteur et finit par aller s’asseoir sur la première marche de son futur ex-escalier.
« Je t’ai déjà dit que Mickey s’était chargé de notre appartement. Il a dit je cite : "si vous aimez les rats et que vous baigner dans la vase vous gêne pas, c’est parfait pour vous". Ce qui veut dire en langage Mickeyesque qu’il est nickel. » La conversation poursuit ses banalités jusqu’à ce que Maya se relève.
« Moi aussi je t’aime, à tout à l'heure. » Elle raccroche et range son portable dans sa poche. Elle s’est fiancée depuis quelques semaines avec l’homme à qui elle vient de parler. Lui aussi est pompier, et ils sont en couple depuis plusieurs mois. Cette demande en mariage peut sembler précipitée, mais au fond, tous les deux sont sûrs de leur choix. Tout comme il est sûr de vouloir la suivre en Amérique pour y vivre avec elle. Un dernier regard sur son salon complètement désert et elle quitte son appartement pour rejoindre l’hôtel où elle dormira ce soir avant de prendre l’avion. Cet hôtel près duquel, il y a quelques semaines, elle a été demandée en mariage. Elle ne s’y attendait pas, il faut dire qu’ils venaient de terminer une intervention particulièrement éprouvante et elle ne rêvait que d’une chose; rentrer et prendre une bonne douche. Au lieu de quoi, elle a senti un objet froid se glisser dans sa main. La bague était simple, le parfait reflet de Maya et elle n’a pas hésité une seconde à dire oui. Une scène qu’elle adore se repasser en boucle dans sa tête, un des rares souvenirs vraiment heureux qu’elle possède.