Avant d'avoir Quinn, Charlie se fichait bien de 'lendroit où il vivait, tant qu'il avait son appartement. Pendant la grossesse de la mère porteuse, le futur père s'était dit que ça allait être la même chose avec son enfant... Mais ça n'avait pas du tout été le cas. Il avait donc profité de sa fuite pour se trouver un petit appartement dans le quartier le plus sûr de la ville, celui où sa fille pourrait se faire des amis au parc sans devoir passer devant des dealers à la sortie de celui-ci. Ca pouvait être dingue comme un petit bout pouvait changer les habitudes d'un homme. Mais il ne fallait pas se méprendre, Charlie n'était comme ça qu'avec sa petite princesse adorée.

Aujourd'hui, c'était le jour des courses. Quelque chose que Charlie aimait tout particulièrement car il adorait trouver des nouveaux trucs à manger, tant que ça soit déjà préparé. Avec sa fille assise dans le caddie - parce qu'il s'était bien plus facile de la surveiller ainsi - qui s'occupait à se coller des autocollants de poneys sur les bras, il allait dans le rayon des pâtes et des féculents, un truc à sa portée encore... S'il prenait le temps de se concentrer dessus.

« Quinnie, on prend les pâtes alphabets ou celles en forme de tête de Mickey et de son copain le canard cette semaine ? »

La petite fille releva la tête, posant ses autocollants au fond du caddie. Elle se leva ensuite pour se tenir sur le haut de l'engin et regarder les paquets de pâtes. Elle semblait très concentrée.

« Je veux les pâtes alphabets ! A l'école j'ai appris à écrire papa et comme ça je te montrerai ! » L'enfant se pencha ensuite pour tenter de les attraper, mais son petit bras n'était pas assez long. Charlie décala donc le caddie sur le côté pour qu'elle puisse les attraper et les mettre au fond du caddie, avec le reste de ce qu'ils avaient déjà acheté.

Pendant ce temps, le papa en question regardait les autres formes de pâtes, plus conventionnelles, il cherchait les spaghettis. Il sortit une boite mais ne remarqua pas qu'elle avait du être ouverte par quelqu'un et posée dans le mauvais sens. Tout tomba à terre.

« Putain de merde ! » Pas forcément très fin devant sa fille, mais c'était souvent plus fort que lui. En tout cas, il ne semblait pas vouloir ramasser et commença à partir plutôt.

Les courses ! Une des tâches que Merlin détestait le plus au monde surtout quand il devait s'en occuper après sa journée de service mais bon le frigo n'allait pas se remplir tout seul alors il n'avait pas le choix que de se rendre dans l'un des supermarchés de Boston. Sa montre affichait 15h45, ça allait ! A cette heure-si, la majorité des gens étaient encore au boulot, il n'y aurait donc pas énormément de monde dans les rayons ! Oui, Merlin n'aimait pas trop la foule quand il se trouvait dans ce genre d'endroit. Fallait aller à l'essentiel alors pas d'embouteillages et tout irait pour le mieux.

Chariot en mains, le jeune inspecteur marchait dans les allées à la recherche de ce qui allait bien pouvoir remplir le frigidaire le temps d'une semaine. C'est en passant par le rayon des féculents qu'il manqua de glisser et de se retrouver le cul sur le sol à cause d'un paquet de pâtes que quelqu'un avait visiblement laissé trainer. ''Putain ! Ça commence à me gonfler cette mentalité de cons!'' Ben ouai ça pouvait être dangereux ! Et Merlin avait horreur de cette mentalité de ''je m'en-foutiste'' Les gens devenaient beaucoup trop individualistes avec le temps et de par son métier il s'en rendait compte bien assez souvent alors si en plus quand il faisait ses courses, il se trouvait confronter face à ce genre de chose ce n'était tout simplement pas possible. Avec l'un de ses pieds, il poussa donc les pâtes en dessous de l'étagère où était rangés les paquets ; certes ça ne faisait pas très propre mais au moins personne ne risquerait de tomber. ''Y'en a pas un pour rattraper l'autre...'' Sanguin comme à son habitude, les mots grossiers sortaient tout naturellement et même en public, le jeune homme s'en contrefichait.

Bien sur, il fallait montrer le bon exemple aux enfants. Mais la petite Quinn n'avait rien vu, alors pas la peine de lui montrer que quand on faisait une bêtise de la sorte, il fallait au moins tenter de sauver les meubles ou de faire en sorte de prévenir les personnes du magasin pour qu'ils agissent en conséquence. Mais là, pas besoin, alors autant en profiter. Pas vu pas pris, comme le disait l'adage.

Il avait fait une dizaine de pas quand il entendit gueuler derrière lui, et pas forcément les plus jolis mots du monde. Évidemment, Quinn avait tout entendu et elle avait tourné la tête pour voir ce qu'il se passait. Charlie soupira longuement. S'il faisait des efforts sur son parlé pourtant très grossier, ce n'était pas pour que d'autres viennent tout détruire. La petite entendait assez de conneries à l'école.

« Papa et le monsieur ils vont mettre deux sous dans la boite à sous ! » Avait-elle dit avec joie.

Parce que la boite à sous était une boite de conserve avec une feinte, repeinte en rose avec des paillettes et d'autres trucs brillants. Quand un adulte disait un gros mot en présence de Quinn et qu'elle l'avait à disposition, elle s'empressait d'aller la chercher et de la secouer pour faire entendre qu'il y avait des pièces dedans.

« Quinn, les mains sur les oreilles, tout de suite. »

Comme il avait pris sa grosse voix, la petite ne se fit pas prier pour obéir. Par contre, elle se tourna pour bien voir ce qui aller se passer. Elle savait bien que quand elle mettait ses mains sur les oreilles, c'était parce que son père allait dire des vilains mots et qu'elle ne devait pas les entendre. Pour elle c'était parce qu'il devrait mettre trop de sous dans la boite à sous et qu'il n'en aurait plus du tout pour lui après. Bien évidemment, la raison principale était qu'il pouvait se lâcher avec cette technique.

« Eh connard, tu peux pas vérifier le périmètre avant de lancer tes insultes de merde ? Tu crois que j'ai que ça à faire de reprendre ma fille juste parce qu'un demeuré sait pas se retenir en public ? »

Le problème avec Charlie, c'était qu'il était impulsif et qu'il avait le sang chaud. Il ne parvenait jamais à se raisonner. Même si la présence de sa fille l'aidait tout de même.

« Le paquet de pâtes, c'est moi. Ca arrive putain ! Tu vas faire quoi ? Appeler les flics et me coffrer ? Sérieux mec, détend toi, c'est juste un putain de paquet de pâtes ! »

Merlin était sanguin et ce n'était pas nouveau ! Quand quelque chose devait être dit haut et fort on pouvait lui faire confiance pour qu'il s'en occupe ! On ne pouvait pas le qualifier de grande gueule mais plutôt comme quelqu'un qui monte trop vite dans les tours. Faut dire que ce n'était pas dans sa nature de faire attention aux gens qui pouvaient se trouvaient autour de lui et bizarrement l'auteur du crime n'était pas bien loin. Le jeune officier de police n'eut pas à attendre longtemps avant que ce dernier ramène sa fraise pour donner sa petite explication. ''Le connard il t'emmerde et vu comme le père parle, ta fille doit pas être tellement choquée parce que je viens de dire...'' Bon pour le coup fallait avouer que vis-à-vis de l'enfant ce n'était pas très classe de parler de la sorte et encore moins de l'impliquer dans le problème mais bordel c'était quoi cette attaque de front de la part du père ? ''Rigole pas trop avec ça ! Le flic c'est moi ! '' dit-il en montrant son insigne qui se trouvait toujours dans l'une de ses poches, elle ne le quittait jamais même quand il ne travaillait pas. ''Et non je vais pas te foutre en cabane pour si peu ! Je suis peut-être un gros demeuré mais je connais mon métier et les cellules sont déjà assez pleine comme ça ! Pas besoin d'un rigolo en plus...'' Pourquoi se laisserait-il faire sans broncher ? Cependant ce n'était pas le genre à abuser de son statut d'agent de la force de l'ordre pour mettre telle ou telle personne en garde à vue parce qu'on lui causait du soucis ! Premièrement, il n'était pas en service et ce n'est pas parce qu'on lui prenait la tête qu'il allait sortir les menottes dans la foulée.

Alors oui tout était partit d'un simple pâque de pâtes ouvert et laissé sur le sol du supermarché mais les réactions en chaines il connait ? Merlin n'allait surement pas s'excuser d'avoir exprimer son mécontentement par rapport à cette situation ! Peut-être qu'il aurait pu réagir de façon un peu moins abrupte mais ça c'était comme demander à un alcoolique d'arrêter de boire. C'est en portant son attention sur la petite fille que le jeune homme décida alors de baisser d'un ton. La pauvre n'avait pas à subir ça et Merlin n'était tout de même pas insensible face aux enfants, il lui arrivait bien trop souvent de tomber sur de tristes affaires les impliquant...''Alors qu'est-ce qu'on fait ? Chacun continue ses courses de son côté ou t'as encore des choses à me dire ?'' C'était la routine de faire face à ce genre de personne un peu trop excitée (et il était pareil) donc ça ne le changeait pas de son quotidien du coup ça ne lui posait aucun soucis de s'expliquer de la sorte ! La majorité des personnes aurait passé leur chemin ou ce serait sans doute excusé mais pas Merlin !