avril 1994
La pluie vient de commencer à tomber sur New York. La petite fille brune, collée à son père, tremble doucement. Elle sait que la pluie apporte souvent l’orage. Tout comme elle sait que l’orage apporte les éclairs. Alors elle tremble, malgré la présence rassurante de l’homme à ses côtés. Ils sont dans la rue tous les deux et malgré le parapluie que tient son géant de père, elle est trempée…
Papa ! J’ai froid et je suis mouillée. J’suis pas lourde tu sais ! Le sous-entendu étant,
Tu pourrais me porter quand même. Le grand bonhomme baisse les yeux vers son adorable frimousse et éclate de rire face à son air de chien battu.
Allez arrête de bouder ma chérie. Viens dans mes bras. Il a lâché le parapluie pour quelques secondes, le temps de refermer ses bras autour d’elle. Désormais un peu plus rassurée, la brunette se cale confortablement contre son épaule. Là, elle a chaud, elle se sent beaucoup mieux. D’ailleurs, elle aurait pu s’endormir, si des clameurs ne lui avait pas fait tourner la tête.
Papa ? Il se passe quoi là-bas ? La demoiselle a tendu son doigt vers un vieux kiosque à musique, qui est entouré de monde pour l’occasion.
On peut aller voir ? Allez ! C’steuplait ! Ca a l’air trop cool ! Nouveau sourire attendri de la part du père, avant qu’il ne se dirige vers le rassemblement. Bien sûr, la petite frimousse brune ne mit pas longtemps avant de se plaindre.
Papa ! J’vois rien ! Les bras puissants de son père la firent monter sur ses épaules, d’où elle jouissait désormais d’un point de vue parfait. Et pour la première fois depuis qu’elle savait faire des phrases, la mignonne petite fille ne dit plus un mot. Devant elle se déroulait un magnifique tour de magie. Elle ne comprenait pas tout ce qu’il se passait sous ses yeux, mais elle savait une chose. La magie, c’était trop cool.
C’est bon ? Tu as tout compris Teresa ? La petite fille hoche la tête frénétiquement, elle a hâte d’essayer par elle-même ce que son père venait de lui expliquer.
Tu es sûre ? De nouveau elle hocha la tête, avant de finalement se faufiler pour piquer le paquet de cartes des mains de son père. Il était temps qu’elle essaye par elle-même. Alors comment avait il dit déjà ? Dans sa tête, elle repassa une par une, les étapes qu’il fallait suivre pour réussir. C’était peut être un tour tout simple, mais elle avait l’impression de devoir faire le plus grand tour de magie de l’histoire. Alors très concentrée, elle essaya. Une fois, sans succès, deux fois, sans réussir mieux. Trois, quatre, dix, vingt, quarante fois… Décidément, elle n’arrivait jamais à faire sortir la bonne carte. Jusqu’à ce qu’elle réfléchisse un peu plus… Jusqu’à ce fameux moment où…
C’est celle là ta carte papa ? Tout à fait ma chérie ! Pour de vrai ? Pas pour e faire plaisir ? Pour de vrai mon ange ! La brunette poussa un cri de joie strident, avant de se mettre à courir partout. Elle alla voir sa mère pour lui annoncer la bonne nouvelle, bien sûr, celle-ci ne comprit pas vraiment de quoi il s’agissait, mais éclata de rire face à l’enthousiasme de sa fille. Après plusieurs tours de l’appartement en courant, plusieurs autres cris, ainsi que quelques rires et sourires, elle se calme finalement, avant d’annoncer.
Je serais la plus grande magicienne du monde !juillet 1999
Papa ! Tu es prêt ? On doit y aller ! On va être en retard si tu te dépêches pas ! allez plus vite ! Je veux pas être en retard ! All… Eh ! Calme toi sucre d’orge ! Je suis prêt, on y va ! Sa tornade de fille est déjà partie s’installer dans la voiture. Attachée, son sac dans le coffre, elle trépigne du moment où la voiture allait démarrer. Ses regards fréquents et accusateurs vers son père le firent éclater de rire. Un baiser à sa femme et voilà, il est enfin dans la voiture à son tour.
Ah bah enfin ! J’ai failli me dessécher en attendant. Espèce de père indigne ! Faussement contrit, le géant soupire et démarre finalement la voiture sans répondre. Il y avait plusieurs heures de route avant d’arriver au camp de vacance. Tessa avait terriblement insisté pour y aller. Après tout, leur thème étant la magie, elle ne pouvait manquer ça.
La journée était simplement horrible. Tous les tours qu’elle apprend, la demoiselle n’arrive pas à les maîtriser. Etant la plus jeune, elle se mettait une toute nouvelle pression sur les épaules. La brunette désirait tellement épater ses camarades qu’elle en devenait plus que perfectionniste. Si bien qu’elle n’arrivait même pas à sortir le moindre tour. Maintenant assise sur une pierre, à l’écart, la petite fille éclata en sanglots finalement.
Ehh ! Ca va pas ? Elle releva vivement la tête vers la voix, après avoir vivement essuyé les larmes coulantes sur ses joues, dans une vaine tentative de dissimulation. Elle n’avait pas tôt fait d’essuyer, que de nouvelles larmes coulèrent sur son visage, si bien qu’elle s’empressa de baisser les yeux.
Tout va bien ! Son ton voulait être fort, mais elle n’était qu’une gamine qui essayait de paraître adulte. Son interlocuteur était un jeune adulte, de probablement 15 ou 16 ans, mais elle n’avait pas peur de lui. Tout simplement, elle ne voulait pas sembler faible.
Tu es très douée, je le sais. Essaye juste de ne pas voir la magie comme un devoir… Amuse toi ! Sourcils froncés, larmes toujours coulantes, la brune releva le regard vers lui, pour finalement le reconnaître.
C’est facile pour toi de dire ça ! T’es le meilleur ici ! Il eut un sourire contrit, comme gêné du compliment. Pourtant, même s’il avait du mal à prendre les compliments, il vint s’assoir à côté d’elle et murmura finalement.
Je ne suis pas le meilleur Tessa. Cependant, mon conseil reste valable. Amuse toi, tu verras, tes tours fonctionneront beaucoup mieux. Après un nouveau sourire, il se leva, posa sa main sur sa tête et s’accroupit finalement, tout près de son oreille…
Je vais te dire un secret, que tu ne dois dire à personne. Quand tu auras 15 ans, je t’enverrais une lettre. Je te demanderai de devenir mon assistante. Si tu veux toujours faire de la magie à ce moment là… Alors tu le deviendras. Entraîne toi d’ici là petite pomme ! La surprise passée, elle se retourna vivement vers lui, pour ne voir que du vide… Il avait disparu !
juin 2004
PAPA ! Après avoir dévalé les escaliers, elle se précipita vers la porte, avant de finalement se stopper pour se retourner vers l’intérieur de la maison.
PAPA ! T’as été cherché le courrier ? Quoi ? Pourquoi ? Je sais que c’est ton anniversaire, mais y’a aucune lettre pour toi chérie ! Quoi ? Comment ça ? D’un pas vif, elle se dirigea vers le salon, où une pile de lettres diverses trônait. Elle les regarda toutes avec une attention toute particulière, avant de finalement se tourner vers son père.
Tu l’as cachée c’est ça ? Rends moi ma lettre ! De quoi tu parles sucre d’orge ? La demoiselle poussa un long cri de colère, avant de monter s’enfermer dans sa chambre. Au fond d’elle, elle savait bien que sa colère n’était pas dirigée contre son père, mais plutôt contre David… Pendant ces cinq années, elle s’était durement entraînée, juste pour être digne d’être son assistante tout au long de l’été à venir. Tout ce temps, elle avait réellement cru qu’elle allait enfin pouvoir faire de vrais grands tours de magie. Son espoir venait tout simplement de s’en aller. Après tout, comment aurait il pu savoir sa date d’anniversaire ? Et puis son adresse ? Plus elle y réfléchissait, plus ça semblait ridicule… De rage et frustration, elle s’écroula sur son lit et se mit à pleurer à chaudes larmes… Il n’avait pas pensé à elle…
Tu ne manges pas mon ange ? Pas faim ! Toujours en colère, Tessa préférait jouer avec sa fourchette, la faisant passer entre ses doigts, plutôt que de manger. Sa mère laissa échapper un soupir dépité, alors que son père soupira finalement. Il ne savait pas ce que sa fille avait, mais une chose était certaine, elle avait passé un bien mauvais anniversaire.
Et si tu ouvrais ton cadeau alors ? Avec un sourire un peu forcé, il tendait vers elle un paquet, rempli de matériel pour la magie. Certes, la jeune fille était toujours en colère et triste, mais ce cadeau amena un léger sourire sur ses lèvres et elle se leva pour embrasser ses parents.
Merci beaucoup. C’est un cadeau génial ! Je peux aller dans ma chambre pour l’essayer ? Sa voix manquait d’enthousiasme, même si elle appréciait l’effort de ses parents pour adhérer à sa passion… Rapidement, elle retourna dans sa chambre et observa tous les objets, les uns après les autres. Un paquet de cartes retint finalement son attention. La brunette en possédait déjà des milliers, pourquoi lui en offrir encore un ? Machinalement, elle commença à jouer avec les cartes, avec une dextérité peu commune, jusqu’à remarquer quelque chose. Toutes ces cartes suivaient un ordre précis… Et formaient une phrase…
Sous la latte tu trouveras ! Maintenant intriguée, elle se jeta au sol pour tâter toutes les lattes de son plancher… L’une d’elle bougea finalement et en dessous était cachée une lettre… Incroyable… Sans prendre le temps de retourner s’assoir sur le lit, ou de refermer la cachette, elle l’ouvrit pour commencer à la lire.
Salut Petite Pomme
Comme promis, me voilà. Je sais, t’as été déçue de ne pas trouver la lettre dans ton courrier, mais ça aurait été bien trop simple et bien moins drôle. Ce paquet de cartes ne vient pas de tes parents, c’est mon petit cadeau personnel. J’espère que tout va bien pour toi, que tu as appris beaucoup et que tu es en forme, car le 1er juillet, tu devras me rejoindre à Las Vegas, pour deux petits mois incroyables. Je t’apprendrai beaucoup et en échange, tu m’assisteras.
Rendez vous au Caesar Palace, le 1er juillet à 19h, je serais au bar…
Ne sois pas en retard !
David !
août 2004
Tu es vraiment très douée Petite Pomme ! Je crois que tu es la meilleure assistante que j’ai jamais eu. Je suis sûre que tu dis ça à toutes tes assistantes ! Elle pouffa de rire. Ils venaient de terminer leurs tours et comme d’habitude, elle était dans un état d’excitation pas possible. Sans l’avertir, elle lui sauta dessus finalement, noua ses bras autour de sa nuque et se blottit contre lui…
Pourquoi tu m’appelles Petite Pomme Dave ? Cette fois, c’est à son tour d’éclater de rire et pose doucement une main sur sa joue, pour qu’elle relève les yeux vers lui.
Parce que tu sentais la pomme, la première fois qu’on s’est parlé. Je trouve que ça te va bien. Son sourire se fait tendre soudain et le cœur de Tessa loupe finalement un battement. Elle se redressa doucement et sans crier gare, l’embrassa soudain. Surpris probablement, il répond dans un premier temps, avant de finalement la repousser doucement. Son sourire est doux, tout comme tous ses gestes.
Désolé petite pomme. J’ai 23 ans, tu comprends que tu es beaucoup trop jeune hein ? Sans qu’elle ne puisse rien y faire, Tessa se mit doucement à pleurer et finalement s’en alla en courant, les larmes ruisselant sur ses joues. On dit que le premier cœur brisé fait du mal… Celui là était très douloureux…
juin 2007
Papa… Maman… C’est très important que vous soyez là. Comme vous le vouliez, j’ai terminé le lycée. J’ai même eu de très bonne note. Maintenant que j’ai fait ce que vous vouliez, je vais faire ce que, moi, je veux… Tu veux parler de la magie je suppose… Sa gorge était nouée, il avait vraiment peur qu’elle s’embarque là dedans. Il ne comprenait pas ce monde et forcément, l’inconnu l’effrayait.
Tout à fait. Je vais retourner à New York, me trouver un appartement, trouver un job pour le payer, jusqu’à pouvoir faire des spectacles par moi-même à mon tour… Un long soupir s’échappa des lèvres de sa mère, alors que son père tremblait, tout en essayait de le cacher. Il était véritablement inquiet, mais après tout, c’était sa vie à elle, tout ce qu’il pouvait faire, c’était la soutenir maintenant…
J’espère qu’on aura des places à ton premier spectacle sucre d’orge. Bien sûr Papa ! Sans rien ajouter, elle le prit dans ses bras, plus émue qu’elle ne le montrait. Quitter ses parents était difficile pour elle, la demoiselle semblait sûre d’elle et forte, mais en vérité, elle restait toujours une petite fille au fond.
Vous allez me manquer…décembre 2009
Putain il caille trop dans cette foutue ville. La brunette venait de s’accouder peu élégamment sur un bar, et venait de se plaindre, encore moins élégamment sur le temps extérieur, au pauvre barman qui n’en avait rien à faire.
Qu’est ce que je vous sers ? Tequila Tonic ! Une fois sa commande passée, elle se débarrassa de son manteau, pour ne plus montrer que sa sublime robe. Ce soir, elle était là pour se détendre, pour ramener un magnifique étalon dans son lit. Rien de plus, rien de moins. Finalement servie, elle sirota son verre avec lenteur, avant de se tourner sur son siège, pour avoir un regard d’ensemble sur la scène. Ses yeux noisettes se déposèrent sur tous les hommes présents, jusqu’à ce qu’un, grand, bien bâti, beau gosse, attire son attention… Sans prendre le temps d’hésiter, elle se leva et avança jusqu’à lui.
Salut sexy ! Tu… Wren ! Tu… Etonnée d’avoir été interrompue, elle détourna le regard du géant sexy, pour le poser sur un autre homme, plus petit, moins sexy, mais qui lui souriait doucement.
Je me sens terriblement malpoli. Pardon de vous avoir interrompus ! Non, je ne savais pas que vous étiez deux. Je vais retourner à mon verre ! Et aussi vite qu’elle était venue, la brunette en jolie robe était repartie au bar, pour s’y accouder de nouveau. Elle essaya de noyer sa honte dans son verre, ainsi que sa lâcheté, ça ne lui ressemblait pas pourtant, de s’enfuir comme ça à la moindre contrariété, mais elle avait été perturbée par le regard du second inconnu. Certes, il ne l’attirait pas, comme le géant, mais… quelque chose venait de se produire, qu’elle ne contrôlait pas et ça la perturbait terriblement.
Je pue de la gueule ? Pardon ? Vivement, elle se retourna vers la voix et trembla de nouveau en croisant son regard. Bon sang, ses yeux n’avaient pourtant rien d’exceptionnels… Son visage était trop lisse, sa coiffure trop cheap… Alors pourquoi tremblait elle, rien qu’en étant en train de lui parler…
Est-ce que je pue de la bouche ? Tu t’es genre, carrément enfuie. Mon pote est cool tu sais, tu devrais y retourner. Enfin non, en fait tu devrais rester avec moi, j’suis mieux ! Malgré elle, elle avait de nouveau regardé vers le géant, avant d’éclater de rire. D’accord, ce n’était pas vraiment son type, pourtant… sa façon de parler, de se tenir, de sourire…
Teresa ! Mais tout le monde m’appelle Tessa ! Teresa… Je m’appelle Sidney… Mais Sid pour les amis. Et les filles sexy !Tu m’emmène où Sid ? Sa réponse n’était rien qu’un sourire mystérieux. Il s’agit de leur premier rendez-vous et elle se sent comme une gamine. Par habitude, elle ne sortait jamais avec un mec. Elle en trouvait dans des bars, couchait avec, pour des besoins bassement primaires et finalement s’en allait au petit matin. Là, tout était différent. Ils n’avaient pas couché ensemble. Et ils allaient dans un endroit mystérieux, juste tous les deux. Alors non, elle ne savait pas ce qu’il se passait, mais elle se rendait compte d’une chose, elle adorait cette situation. Elle adorait ce qu’il lui faisait ressentir.
On est arrivé Teresa. Elle se rendit compte qu’ils étaient au pied d’un immeuble, grand, qui comportait probablement un loft…
On est où là ? Chez moi… C’est mon appartement, là, tout là haut. J’ai une surprise pour toi. Il souriait avec tellement de sincérité, qu’elle se laissa convaincre facilement et monta finalement au dernier étage. Un sublime loft s’ouvrit devant elle, avec une table préparée à son intention, ainsi qu’une ambiance chaleureuse… Elle se sentit immédiatement bien et se tourna vers lui pour lui sourire.
T’as préparé tout ça pour moi ? Il ne répondit pas, trop gêné pour se vanter, et finalement la fit asseoir sur le canapé. Elle s’installa confortablement, avant qu’un flash ne la fasse cligner des yeux.
Qu’est ce que… Mon pêché mignon. J’adore prendre des photos. Timidement, elle osa un sourire, avant de finalement se détendre. Elle était là pour passer une bonne soirée.
avril 2010
Ils ne sortaient ensemble que depuis 5 mois, mais elle avait l’impression de vivre sur un petit nuage en permanence. Cependant, quelque chose lui manquait, elle le savait tout au fond. Cette relation, bien que parfaite, ne lui suffisait pas. Elle avait besoin de plus, alors elle n’allait pas attendre qu’il y pense. Non. Après tout, elle n’était pas comme les autres, alors pourquoi agir comme tous les autres ?
Tessa ? T’es là ? Sans répondre, elle quitta la chambre, pour aller le trouver dans le salon. Il s’était assis sur le canapé, aussi vint elle s’assoir sur ses genoux, pour l’embrasser tendrement.
J’ai un nouveau tour, avec des cartes, faut que tu le testes ! Ca marche chérie, vas y ! Elle lui présenta le paquet, afin qu’il prenne une carte. Il la reposa, et finalement, elle commença à mélanger doucement… Avant de lui montrer la carte du bas.
C’est celle là ? Sur sa carte, était marqué trois mots…
Veux tu m’épouser ? Il releva vers elle des yeux plus surpris qu’autre chose, et ouvrit la bouche, comme un poisson hors de l’eau.
Oh euh. Si tu veux pas, c’est pas grave hein ! Je pensais juste que. Enfin je… D’un baiser, il la fit taire, et finalement sortit une bague de sa poche…
T’es pas possible chérie. J’allais te demander ça dans la semaine, je cherchais juste une occasion. Je vais même pas avoir l’occasion de te faire une surprise ! Elle éclata de rire avant de mettre la bague, après un nouveau baiser.
Désolée… Non tu l’es pas. C’est pour ça que je t’aime chérie.mars 2011
Madame Marghe ? Ici l’inspecteur Denston de la police de Miami. Sans qu’elle puisse savoir pouvoir, sa main commença à trembler doucement. Miami… C’était là où était Sid. Il avait été voir sa grand-mère malade. Elle n’avait pu l’accompagner et à ce moment précis, elle le regretta amèrement… Après avoir douloureusement déglutit, elle trouva la force de répondre…
Qu’est ce que je peux faire pour vous ? Votre mari est bien Sidney Marghe n’est ce pas ? Bien… Euh… Nous l’avons retrouvé dans une voiture brûlée. Je suis désolé… Le téléphone tomba avec un bruit sourd au sol, tandis que la voix de l’homme continuait de retentir à l’autre bout du fil. Après avoir fixé pendant quelques secondes le mur devant elle, elle tomba à genoux. Un petit gémissement douleur lui échappa, avant qu’elle ne récupère le téléphone… Sans dire un mot, elle raccrocha, pour finalement composer un numéro.
Wren… C’est Tessa ! Je dois te parler de Sid. Il… il est mort. A Miami. Il a voulu faire le stupide héros et il est mort ce con ! Elle attendit plusieurs secondes, pendant lesquelles seul le silence lui répondit.
Wren ? Oh le géant des plaines t’es là ? De nouveau un silence.
L’enterrement se fera à Miami ! Y’a toute sa famille là bas. Ca serait bien que tu t’y montres ! Allez salut ! Finalement elle raccrocha aussitôt, la main tremblante. Ses yeux étaient secs, même si elle ne comprenait pas pourquoi. Sid venait de mourir pourtant…
Malgré la robe noire, Tessa semblait resplendissante. Un cercueil vide, sensé représenter son mari, était pourtant en train d’être enterrée. Pourtant elle n’avait pas l’impression d’être là. Les sentiments glissaient sur elle depuis qu’elle avait entendu la nouvelle. Non loin de là, Wren était là. Elle déposa son regard sur lui, ne le lâchant pas. Il avait une cigarette au bec… Comme à chaque fois qu’elle avait regardé vers lui. Au moins, il semblait aussi indifférent qu’elle. Pourtant, ils étaient probablement les deux personnes à l’aimer le plus dans l’assemblée présente… Une fois l’office terminée, elle serra les mains de toutes ces personnes, avant de se diriger vers Wren, qui s’était éloigné…
Allez viens, on va boire un verre ! Elle ne lui avait même pas demandé son avis. Malgré son mètre soixante, elle l’attrapa par le bras et le tira. La brunette ne lui laissait pas le choix, il allait venir boire un verre avec elle. Tout en le traînant derrière, comme un boulet, elle acheta un pack de bière, alors que la nuit tombait doucement. Elle l’entraîna encore une fois, jusqu’à la plage, elle lui tendit une bière, avant d’ouvrir la sienne doucement.
A Sid ! Son regard se posa sur lui de nouveau, il était encore en train de fumer… Les sourcils froncés, elle se mit à genoux, juste face à lui, et lui arracha la cigarette de la bouche.
C’est quoi ton putain de problème Wren ! C’était ton ami non ! C’est quoi ton putain de… Sans crier gare, les larmes coulèrent enfin, alors que l’une de ses mains lui frappait le torse, l’autre jetant la cigarette au loin, avant de rejoindre sa sœur. Elle le frappa en pleurant pendant quelques secondes, jusqu’à enfin se calmer. Maintenant qu’elle avait enfin pleurer, elle sentait toute la douleur l’envahir… Les mains désormais poser à plat sur son torse, elle releva les yeux vers lui…
C’est quoi ton putain de problème… Sans aucune transition, elle fonça sur ses lèvres pour l’embrasser. Toute la frustration qu’elle pouvait ressentir à son égard depuis le jour de leur rencontre, se libéra dans ce baiser…
Ce baiser les avait finalement amenés dans sa chambre d’hôtel, sans dire un mot, elle le regardait se rhabiller. Malgré elle, un malaise étrange la prenait. Ce n’était pas parce qu’elle avait couché avec un autre, juste après avoir enterré son mari… C’était quelque chose d’autre. La douleur était sourde dans son cœur et soudain, elle comprit. Sid l’avait abandonné… Et Wren était en train de faire exactement la même chose. Certes, elle ne l’aimait pas, cependant, s’il partait maintenant, elle savait que quelque chose allait se briser en elle.
Wren… Ne t’en va pas ! Sans répondre, il s’alluma une cigarette, avant de terminer de s’habiller. Voyant qu’il allait partir, elle se leva, nue, sans se couvrir d’un drap et lui attrapa le bras. Cette fois pourtant, il n’était pas décidé à se laisser faire. D’une secousse, il la fit lâcher son bras et s’éloigna vers la porte, toujours sans rien dire. Il n’avait pas dit un mot… Pas un seul.
WREN ! Tu peux pas partir comme ça ! Tu n’as pas le droit de… Trop tard… La porte avait claqué, la laissant crier dans le vide. De rage, elle lança un vase sur la porte, retourna dans le lit et se recroquevilla finalement, complètement défaite…
décembre 2012
Tu es très douée… Tu sais déverrouiller des serrures ? Assise au bar, au même endroit où elle avait rencontré Sid, à la même date, elle était plutôt en mauvais état, après plusieurs verres..
Quoi ? Qu’est ce que tu racontes loucheur ! Après tout, ses yeux se disaient bonjour non ? Elle pouffa à son surnom, avant de finalement retourner à son verre. Lui ne fit que sourire, avant de finalement hocher la tête.
Je prends ça pour un oui beauté. Ecoute, j’ai besoin de toi… Pour m’ouvrir des portes, faire disparaître des objets… En bref, ça te dit de devenir riche ? Les sourcils froncés, la brune réfléchit quelques secondes, avant de finalement hocher la tête. Elle allait partir pour une nouvelle folle aventure, elle le sentait. Cet homme, lui apprit tout ce qu’elle devait savoir sur le cambriolage… Malheureusement, il fut tué dans une fusillade quelques semaines après, la laissant seule. Encore un qui la laissait seul… Peu importait, maintenant, elle avait de nouveau une envie… Le vol… Encore fallait il l’utiliser à bon escient.
2013
Boston… Nouvelle ville, nouvelle vie. La jeune femme était en train de déballer ses cartons, lorsqu’elle tomba sur une photo d’elle. Pas uniquement elle, mais aussi de Sid, son mari décédé, ainsi que Wren… Doherty… Elle éclata de rire malgré elle. Elle qui avait cru ne plus jamais vraiment entendre ce nom là avait été bien étonnée en découvrant que son squatteur adoré portait lui aussi ce nom. Le mec qui l’avait mené jusqu’ici. C’était à cause de lui qu’elle avait décidé de quitter sa bien-aimée New York. A cause de lui encore, qu’elle était revenue tout prêt de ses parents. Elle ne savait pas encore si elle l’aimait, ou bien s’il s’agissait simplement d’un ami avec affinités, mais elle avait l’impression de pouvoir décrocher la lune pour lui et probablement qu’elle le ferait un jour. C’était déjà un grand pas de se rapprocher de sa famille, qu’elle n’avait pourtant pas vu depuis son mariage. En définitive, la brunette avait vraiment besoin de Roman dans sa vie. Elle ne l’avait pas suivi juste comme ça, parce qu’il le voulait, ais surtout parce que
elle, avait besoin de lui.