♫ Good morning Good morning ♪ [Pippa]

ϟ Conversations : 61 ϟ Arrivée à Boston : 26/02/2014

GOOD MORNING

Pippa et Willy

Voilà. J'étais à Boston, dans cette immense ville. Je ne savais absolument pas où était mon frère. Ça faisait plus de vingt ans que je ne l'avais pas vu. Je ne savais même pas à quoi il ressemblait. Mais j'y croyais. Entre frères, on allait forcément se reconnaitre. J'allais devoir rappeler la police, car ils voulaient me parler pour que je les aide. Mais on verra ça plus tard, car il est neuf heure du matin, et un beau soleil pointe son nez au dessus de ce joli parc. J'ai deux immenses valises avec moi. Je n'allais pas laisser mes jouets, mes peintures et mes vêtements au texas! Il fallait que je les ai avec moi. C'est ainsi que je tirai mes valises vers ce parc qui avait l'air de m'accueillir les bras ouverts.

Je pose mes valises dans un coin et récupère mon boomerang qui est rangé dans une poche accessible de ma valise numéro un. Aujourd'hui je portais une chemise jaune et un pantalon blanc. J'étais assorti au soleil. Je m'allongeai d'abord dans l'herbe, le boomerang entre les mains. Je regardais le ciel et les nuages, m'amusant à deviner des formes. Je souriais, je m'étonnais, je m’exclamais. Je riais même. J'imaginais les nuages danser sur une musique rigolote, et chacun dirait à l'autre "Good morning!" et ils répétaient en cœur "Good morning!" "Good morning!" puis ils se mettaient à valser en sautillant. Je commençai à pencher la tête de gauche à droite sur le rythme d'une musique imaginaire tout en souriant. Puis je cessai un moment, regardant le ciel de mes yeux innocents, me demandant si maman était là haut. Je repensais au monde des nuages dont elle nous avait parlé à Jackson et moi. Les enfants sautaient de nuage en nuage, rebondissant joyeusement. Et ils ne grandissaient jamais. Est ce que le pays des merveilles existait vraiment? Tout ce qu'elle me racontait, y croyait-elle elle-même? Certainement. Quand elle en parlait, elle avait ce sourire sur son visage, et ses yeux brillaient. Je souris, amusé à ce souvenir. Je me redresse, me lève, et décide de jouer un peu.

Mais quelque chose m'interpelle. Dans le petit arbuste qui se trouve prêt de moi, quelque chose bouge. Je m'approche tout doucement, et vois un cocon bouger. J'approche mon visage pour mieux voir, et observe le phénomène d'un air émerveillé et curieux. Petit à petit, quelque chose sort du cocon. Il forme... Un papillon! Je souris et me mets à rire joyeusement alors qu'il s'envole, frôlant mon nez. Je me redresse rapidement et le suis un instant en courant.

Envole-toi!!! Envole-toi!!!

Il était parti haut dans le ciel, et je riais toujours. Il était si beau, et maintenant il allait vivre sa propre vie de papillon! Mon esprit se concentra à nouveau sur le jouet que j'avais entre les mains. C'est parti! Je devais réussir à lancer le boomerang le plus loin possible! C'était une mission périlleuse! Il fallait que je m'entraine. Je fis quelques lancés, ils étaient vraiment pas mal! Je progressais de jour en jour. Et surtout, bien le rattraper, sinon gare au nez! Je ris de façon enfantine et lance à nouveau mon jouet. Mais... Il ne revient pas?

Mon corps crispé, prêt à rattraper le bout de bois se détend après quelques secondes d'attente. Mon regard est perplexe. Je regarde au loin en haussant les sourcils d'un air surpris. Pourquoi il ne revenait pas? Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas ne pas revenir. Je l'avais bien lancé, je crois même que c'est mon plus beau lancé de la matinée! Peut-être s'était-il envolé? Je lève la tête vers le ciel en abritant mes yeux du soleil à l'aide de ma main. Non. Je porte à nouveau mon regard face à moi. Rien. Je fis ensuite quelque pas et vis une jeune femme. Elle avait mon boomerang entre ses mains. C'était elle qui l'avait arrêté. Je souris, riant légèrement à sa blague. C'était vraiment drôle, mais je n'aimais pas trop qu'on me prenne mes jouets. Non je n'aimais pas. Je m'approche d'elle et lui fait un coucou de la main.

Salut. Tu me rends mon boomerang s'il te plait?

Je tends la main pour le récupérer. Voulait-elle jouer avec moi? Ou simplement m'embêter? Je commençais à m'impatienter. Je voulais bien lui prêter mon boomerang, mais il fallait qu'elle me le demande gentiment.

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Ces temps derniers, j'avais le sentiment de revenir peu à peu à la vie. Comme si mes viandes étaient de nouveau irriguées,quoi
Putain, c'était le printemps, et il aurait plus manqué que j' me mette à bourgeonner!
Deux ans d'hivers merdiques, à vivre la moitié de mon temps avec de demi morts, à subir l'impuissance que j'avais de ramener Zed du bon côté de la vie. J'étais qu'une gamine, j'm'en rendais bien compte de vouloir croire encore qu'il allait s'en sortir. Mais merde, c'était pire que tout cette agonie qui n'en finissait pas de durer... J'en pouvais plus. Ca virait contagieux, cette saloperie. J'étais devenue un de ces putains de droïdes qui s'croyaient humains, courant après les billets toute la satanée journée et ravalant mes larmes dans mon duvet humide, blottie contre la Teigne qui empestait les lieux de son haleine de chacal.
Mais il pouvait bien puer de la gueule comme s'il s'était goinfré tout un cimetière, j'en avais rien à foutre. On s'était reconnu et il était d'la même espèce que Zed et moi: Celle des sauvages!
Alors mieux lui qu'un minet trempé dans du bain moussant de chez Lush dans mon lit. C'était moins déplacé ,moins suspect. Et sur le fond, même si ça sentait pas la rose, au moins ca sentait pas non plus le frelaté, l'amitié calculée, l’intérêt pour soi projeté sur l'autre réduit au rang d'objet utilitaire. Le magnolia et la pervenche, j'avais jamais pu les saquer quand ils servaient juste de cache misère à l'odeur de cupidité possessive.

Mais cette foutue rage qui avait pris le dessus depuis que le love de mon Zed était plus là pour canaliser mes envolées, il me semblait bien qu’elle s'estompait...
Et ce d'puis que j'm'étais mise à rencontrer du monde, en fait. Ces filles plutôt chouettes globalement, qui me forçaient à recommencer à regarder le monde non pas comme un truc autour de moi, mais comme une enveloppe qui faisait qu' on était tous éléments du grand tout. Ouais Zed, elles m'aidaient à pas virer saloperie égocentrique comme tous ces cafards qu'on voulait pas trop côtoyer.
Même dans les non dits, et les mal parlés, j'les sentais elles aussi en train de lutter contre la tentation de virer mange merde aigries.
Ouais Zed j'commençais à m'sentir moins seule ces temps derniers, et tu sais mieux que quiconque pour l'avoir fait durant toutes ces années, que quand l'autre te fais prendre du recul, tu commences à te rapprocher de la vérité.
Et la vérité ,c'était qu'il y avait un putain de chouette soleil, et que j'étais pas obligée de me laisser aller à encore pleurer ton absence, parce que le soleil était fait pour faire pousser les plantes, et que j'avais encore de la croissance à faire, même sans toi...
Ouais Zed, même sans toi, j'commençais à envisager de l'admettre, parfois!

J'm'étais posée sur un banc, avec un sachet de tomates et une brioche. Elles étaient pas fameuses, et certaines étaient même un peu explosées, mais j'm'en foutais, elles m'avaient coutées que la peine de les ramasser en fin de marché.
J'sais pas comment ce putain de chien faisait pour toujours finir par me trouver mais d'un coups j'l'ai vu débarquer au coin d'un buisson encore pelé malgré ses petites pousses vert tendre.
Un peu plus loin, dans l'alignement y'avait un type couché dans l'herbe. Un junkie ou un bien heureux qui semblait ne rien avoir à cirer de ruiner son pantalon blanc en se roulant sur l'herbe..
P't être un cinglé, vu que d'un coup, j'l'ai vu tomber en arrêt devant un buisson, façon chien de chasse qui lève une perdrix. J'me demandai un instant c'qu'y pouvait bien se faire comme vision pour bloquer ainsi. J'ai toujours aimé ce qui dépasse, ce qui sort du moule et des attitudes codifiées, même si j' savais bien que c'était aussi parfois d'la merde
Y'avait une explication au fond, à cet intérêt pour l'exception: La curiosité, l'espoir de trouver une pépite

Ouais, comme Zed me le disais pour me faire gentiment râler, j'étais bien une fille à vouloir toujours foutre mon nez là où c'était pas prévu qu'il soit.

Putain, même l'humour commençait à me revenir. Belle journée...

J'ai léché mes doigts luisants de jus de tomate. J'avais jamais su bouffer un fruit proprement, en fait... Et j'ai ramassé une branche pour jouer avec la teigne à qui je trouvais l’œil facétieux, sur le moment.
Un bon clebs, la Teigne qui s'était mis à bouger sa carcasse décharnée avec bonne grâce pour jouer à "rapporte le bâton à maman mon poussin!"
Juste histoire que j'me sente lui faire du bien?
Non j'allais pas replonger dans le bain du désenchantement. Juste histoire qu'on s'dise qu'on existait l'un pour l'autre un peu plus intensément que pour le reste de la planète, juste pour qu'on s'octroie une part d'originalité rassurante réciproquement, ouais!

"Les illusion ne prennent ce nom que si on les perd", pas vrai?...Et Zed aurait surement ajouté, avec son habituelle pertinence
"Ben te pleins pas alors t'avais qu'à faire attention à tes affaires!"

Ouais Zed, t'avais gravement bien fait attention à ta p'tite poulette, en tout cas, et maintenant, elle allait continuer à le faire pour toi, promis...

Et c'est là que j'ai vu ma teigne me rapporter un boomerang!

Mais où était il allé chercher ce truc?

je scrutai les environs, cherchant le gosse chialant la perte de son jouet, et je vis mon lascar le rampeur de la prairie, avec sa chemise couleur de soleil, le nez vers l’absence de nuages, avec le même air d'être très absorbé par ses observations.
J'en déduisis que c'était surement lui le gosse en question et je m'approchai de l'improbable, laissant la teigne flairer le cul d'un caniche pomponné sous les regards horrifiés de sa bourgeoise de maitresse.

Il avait du voir que j'avais son jouet, et il venait à ma rencontre, avec un sourire de Jésus au berceau sur les chromos des biscuits de noël de mon enfance...Un des rares trucs pas moches, ces putains de pain d'épices qu'on avait exceptionnellement le droit de sucer avec toute la gravité des bouffeurs d'hosties, quand était venu le temps de fêter l’anniversaire Monsieur le fils de son Père...
Il avait pas l'air défonce, non, juste innocent et il me demanda avec la candeur naturelle d'un gosse, malgré la bonne quarantaine que son visage de poupon fripé accusait, de le lui rendre. Pauv' vieux gamin qui semblait fébrile de récupérer son boomerang.
Peut être un débile précoce comme j'en croisais parfois à l'hosto...En tout cas, un mal armé pour survivre seul en ville.

Tiens mec...t’inquiètes, je voulais pas te le piquer...
C'est juste mon chien qui...
Surement que ce furtif avait trouvé mieux à faire que de me suivre, car nulle trace de la Teigne aux alentours...
... Bref! Laisse tomber. Il a rien? Il est pas abimé?

Il avait l'air de tant y tenir à son bâton volant, que je me mettais à partager par empathie ses angoisses.... Et j'me disais qu'un mec qui était capable de placer ses priorités sur d'apparentes futilité avait des chances de n'être pas tout à fait perdu par la standardisation ambiante...Et que peut être, c'était une autre de ces rencontres pansement que je devais faire, ,finalement...alors, avant qu'il ne s'éloigne, j'ai demandé en baissant un peu le regard, parce que le manque d'habitude d’aller vers l'autre contracté depuis l'accident de Zed me faisait me sentir un peu gauche.

Et...tu viens souvent jouer par ici? C'est la premiére fois que j'te croise il me semble, non?

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GOOD MORNING

Pippa et Willy

Je tends timidement la main vers mon boomerang. Elle était gentille de me le rendre. En fait, c'était son chien qui l'avait pris. Je souriais avec amusement. Elle me demanda s'il allait bien, alors je me mis à examiner le bout de bois avec exagération avant d'adresser un grand sourire à la jolie blonde.

Rien à déclarer!

Je restai planté là l'espace d'une seconde, ne sachant pas trop quoi faire.

Eh bien... Merci.

Je lui adresse un dernier sourire et m'apprête à lui tourner le dos, mais j'entends à nouveau sa voix. Elle faisait la conversation. J'étais content, car je ne connaissais personne ici. J'aimais bien rester tout seul, mais l'inconnu me faisait peur. Ca me faisait du bien de parler avec quelqu'un ici.

Non, je viens d'arriver. Et toi, tu as l'habitude de venir ici? C'est joli ici, j'aime bien. Il y a du soleil, de l'herbe. C'est parfait.

J'en avais presque oublié la raison de ma venue. Mon unique frère avait disparu, et moi j'étais là dans un parc à jouer au boomerang. Peut-être était-ce ma façon à moi de fuir la réalité? Surement. J'avais déjà fait preuve d'un effort incroyable en prenant l'avion, en me rendant ici. Tout ça me faisait peur. Je n'avais jamais pris aucune initiative jusqu'à maintenant. Mais je voulais revoir mon frère, je voulais savoir ce qu'il était devenu. Cela faisait si longtemps... Mais chaque chose en son temps, on ne peut pas devenir totalement responsable en si peu de temps... Mon cerveau avait éjecté l'information... Elle allait revenir plus tard... Je tripote mon boomerang d'un air gêné. Je n'étais pas très doué pour faire la conversation. Moi, j'aimais mieux m'exprimer dans les gestes ou les pensées. Comme quand je peignais. Mais je ne montrais plus mes toiles à personne aujourd'hui. C'était mon jardin secret. A moi, et à maman. J'adresse un sourire complice à la demoiselle qui se trouvait en face de moi et lui tends mon boomerang.

Tu veux essayer?

J'étais du genre maniaque et égoïste avec mes jouets. Vous verriez chez moi, au Texas, la pièce qui était réservée à eux. Tout était rangé à une place précise. Rien ne devait bouger, au millimètre près. Personne ne devait y toucher ou je pouvais piquer une crise. Je devais leur autoriser avant. Mais de toute manière, je n'avais plus de visites depuis longtemps chez moi. Alors aujourd'hui, en tendant ce boomerang vers la demoiselle, je faisais un effort surhumain. Et bizarrement, ça me faisait plaisir.

C'est facile tu verras.

Je préférais la rassurer. Ca peut être impressionnant la première fois un boomerang. Moi, la première fois, j'étais petit, et j'avais peur de mal faire et d'être ridicule. Mais en fait, il suffit d'avoir le courage d'essayer, et après, ça vient tout seul.

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C'était un simple en fait. Si rassurant de naïveté... J'aurais pas su dire s'il était idiot ou juste encore assez pur pour pouvoir s’émerveiller d'un rien, comme un jeu de gosse par exemple. Dans ses yeux, y'avait comme une lueur d'aventure décalquée d'un comics. On aurait pu croire qu'il se prenait pour un aborigène défendant un trésor perdu dissimulé dans un bush sans moustiques.
On pouvait lire aussi une sorte de crainte face à un monde trop violent pour sa tendresse. Putain j'aimais ce mec encore pur, j'crois bien!
Il me rappelait un gosse qu'on avait croisé dans un diner sur la route 88, au pied du Carson pass.
Il devait avoir un peu plus de 10 piges et lançait un tomawak de fortune constitué d'un caillou mal ficelé à une branche d'épicéa. Ses mains étaient noircies de résine collante. Lui aussi il avait l'aventure au fond des chasses.
Zed avait allumé un de ses foutus mégots puants et brunâtres comme si de rien était planqué sous ses ray bans.
Putain mon Zed, quelle pure gueule elles te faisaient ces lunettes...
En fait il m’observait aller vers ce minot, juste pour voir si je saurais vraiment le voir,me laissant comme toujours essayer en solo, assurant discrétos mes arrières.
J'sentais son regard embusqué sous les verres miroirs qui me disait vas-y, lis le rêve de ce môme et apprends c'qu'on t'a pas laissé connaitre quand t'avais l'âge pour le faire!

Pis y'avait eu un éclair de crainte, comme dans celui du mec au boomerang,quand il avait vu dans sa ligne de mire la carcasse de sa mère. Une belle trogne de peau de vache, sèche et dure comme une putain de badine destinée à châtier les égarements des mômes qui grandissent pas assez vite au gout de leurs putains de parents...

Elle l'avait choppé sous le bras pour le tirer vers le bouiboui dont elle semblait être la cantinière
" t'as vu dans quel état tu t'es encore mis, Henry?"
J'avais laissé faire, une larme d'impuissance sous la paupière, et j'avais dit à Zed
"on s'arrache,j'ai plus trop faim là"

Il avait acquiescé d'un coup de menton,mais, avant de remonter en selle, il était allé chercher une barre de pâte de fruit dans les fontes de l'Indian et avait couru après le gosse pour la lui donner.
ignorant le sale regard de la vielle, se gavant du sourire du gamin.
Putain Zed , t'avais encore une fois été grand et moi j'étais encore une fois sentie bien p'tite!
Il m'avait rien dit, juste fait signe de poser mon cul contre ses reins...Il disait que ça lui faisait du bien de m'sentir toute chaude contre son dos quand on bouffait la route...
Pis on s'était arrachés de là pour bouffer de l'autre côté du col ,au final!

J'me sentais revenue des années en arrière et je savais que cette fois, y'aurait personne d'autre que moi pour consoler le vieux gosse quand la vie lui dirait, à travers les yeux pollués de ces putains de bourgeois,qu'il s'était mis minable en se roulant dans l'herbe, que c'était pas digne d'un type de son age.
Quel âge il pouvait bien avoir putain? 30? 40? 50 même va savoir....
,Pauvre vieil enfant tout frais débarqué dans cette jungle!

Ouais mon pote, c'est mes coins ici!

J'avais envie de lui filer ma brioche en train de graisser le sachet de papier blanc qui se balançait connement au bout de mon bras. Histoire de lui filer sa dose de sucre pour adoucir l'acidité de la vie qu'il avait pas trop l'air de pouvoir digérer tout seul.
Sauf que l'éclair de blues avait déjà quitté son regard et qu' il se rallumait à l'idée de repartir dans sa chasse aux kangourous . Il m'invitait même à y participer, comme si d'instinct il avait senti que j'avais une enfance mort-née dans le bide à expulser en adoptant la sienne, éternelle.
Il était p't être plus fort que c'que j'avais pu croire,et en tout cas, j'étais une fois encore pas à ma place en ange gardien redresseur de tords. D'ailleurs, y'avait encore rien à redresser, à part la crainte stupide que la trop longue fréquentation des cons qui grouillaient dans les rues m'avait mise dans la tronche!
J'ai accepté son aide, avec joie, posant mon sachet pour empoigner le boomerang,avec toute la maladresse de la débutante.
Il me rassurait, m'encourageait, alors j'ai cherché à voir dans le ciel un putain de kangourou. ou à défaut un lapin. Y'avait juste un pauvre gecko flou dans un coin mais j'me suis dit que ça ferait mon affaire....et j'ai shooté mon nuage!
Le bâton etait parti en sifflant tournoyant sur lui même, avant de rebrousser chemin brutalement...
Connerie de truc..Je courais le nez au vent ,je sentais ses pas sur ma trace...Mais manque de bol,l'engin se planta au milieu d'un massif de primevères de culture ,avant que j'aie pu l'intercepter!
Et on s'était retrouvés à chercher notre souffle, plantés comme deux chats devant une vitrine derrière laquelle se balade une souris!

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GOOD MORNING

Pippa et Willy

Je la regarde courir apres le boomerang. On dirait qu'elle a des ailes, et je souris avec amusement, l'imaginant parmi les nuages, courant avec grâce afin d'attraper ce fameux boomerang. Je commence a rire de bon coeur. Dommage qu'elle l'ait raté. Le bout de bois fait un plongé spectaculaire dans une sorte de buisson à fleurs. Nous étions l'un à côté de l'autre à regarder le tas de feuilles d'un air perplexe. Je penche légèrement la tête, tel un chien étonné, tandis que ma nouvelle amie semble essoufflée. J'affiche un sourire et pars à l'aventure à travers le feuillage, tel un grand homme fauchant les herbes sauvages sur son passage, sauf que le buisson est petit et que je ne fais qu'écarter les branches en m'écorchant, mais peu importe. Je finis par trouver le trésors tant recherché et le brandis fièrement en sortant de l'agressif amas de verdure.

Le voilà!

Je le tends à la demoiselle et fais une fausse révérence.

Voilà pour vous gente dame.

Je prenais un faux ton de chevalier servant et fis un clin d'œil amusé à ma nouvelle amie tout en me redressant. Je la connaissais depuis quelques minutes seulement. Autrefois grand timide, j'étais déjà à l'aise avec elle, comme si elle était mon amie de toujours. Je lui vouais une confiance aveugle, comme un enfant pensant que le mal n'existe pas, surtout pas venant d'une personne si formidable. Un enfant accordant sa confiance au premier venu, juste parce qu'il est gentil avec lui.

Oh!! Mais on ne s'est pas présentés! Je m'appelle Will. Enfin William. Ou Willy, c'est comme tu veux.

Je ris légèrement en lui tendant la main. Un sourire bienveillant sur le visage, je la regardais, jolie demoiselle aux cheveux brillant tels les nuages dans le ciel. Des cheveux presque blancs, comme du coton flottant au vent. Une chevelure soyeuse et légère. Je la regardais avec des yeux tendres et plein d'étoiles, heureux d'avoir trouvé une amie, heureux d'avoir trouvé quelqu'un pour qui j'avais de l'intérêt. Je l'adorais déjà, et j'espérais qu'on poursuivrait cette amitié. J'étais si seul. Elle était si géniale à mes yeux. J'avais besoin d'elle.

J'avais tant envie de lui faire découvrir mon monde! De lui montrer tout ce que l'on peut voir, rien qu'en ouvrant les yeux. La plupart des grandes personnes ne voient pas tout ça. Mais moi, je ne suis pas la plupart... Et Pippa non plus, j'en étais sûr. J'étais sûr qu'elle pourrait voir tout ça, et s'en émerveiller tout comme moi. J'avais tant envie de lui faire confiance. C'était la première fois que je voyais une grande personne comme elle, capable de jouer au boomerang sans se poser de question, sans se soucier de ce qu'allait penser les autres. La première fois qu'on ne me regarde pas de travers, juste parce que je suis un peu... Différent.

Ma mère disait toujours que c'était bien d'être différent. Moi aussi je trouve ça bien mais... Je n'aime pas qu'on me regarde de travers. J'essaye de faire comme si ça ne me touchait pas. Parce que je suis plus fort qu'eux. Parce qu'ils sont trop simples d'esprit pour voir tout ce que moi je peux voir. Je suis riche de ça. On est peu de personnes à avoir la chance d'avoir ce sixième sens. Ce sens, il se travaillait. Et Pippa l'avait déjà, j'en étais sûr.

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